Black Mirror

Une série anglaise prend le parti de pousser dans ses retranchements les nouvelles technologies de l'Internet et de l'informatique, et nous amène à réfléchir sur les conséquences de l'abus de ces technologies, avec intelligence.
Cette série est diffusée sur Netflix.

Chaque épisode raconte une histoire différente, mais toutes sont basées sur une aventure, souvent très douloureuse, consécutive un usage inconsidéré des technologies de l'informatique, des réseaux sociaux, de l'Internet, etc...

Par exemple, le 1er épisode de la saison 3, nous narre les aventures d'une jeune fille en perpétuelle recherche d'une note optimale délivrée par un logiciel qui évalue en permanence son comportement, sa sociabilité, son image.
De sa bonne note dépendent l’obtention ou non, de biens ou de services. En l’occurrence, notre héroïne veut obtenir un appartement qui ne lui sera attribué que si elle monte au niveau 4.5, alors qu'elle ne dispose pour l'heure que d'un 4.3.
Ceci l'oblige à déployer toute une stratégie de communication vis à vis de son entourage et surtout pour ne déplaire à personne elle ne montre d'aucune manière des opinions tranchées ou un discours polémique. Sa vie n'est faite que de banalités et de dialogues mielleux et insipides pour ne risquer de déplaire à personne. En échange elle tente d'obtenir de son entourage des notes positives.

Évidemment on ne peut s’empêcher de penser au  de Facebook et la recherche "d'amis".

Mais au delà de la guignolade Facebook, vous avez peut-être appris que la Chine met en place un système de notation de ses concitoyens, et qu'en fonction de leur note, les personnes obtiendront ou non, certains emplois ou des pénalités ou des services ou essuieront des refus. Cette notation sera secrète et sera délivrée tout au long de la vie de l'individu.

Un autre exemple dans cette série me parait particulièrement pertinent. Il s'agit du dernier épisode de la saison 3. L'Angleterre qui n'a plus d'insectes pollinisateurs a confié à une société privée la réalisation de drones-abeilles capable de suppléer au problème environnemental.
On va découvrir une suite de meurtres qui semblent tous initiés par une campagne de haine collective menée sur les réseaux sociaux avec le "hashtag" (mot dièse en français !) #ÀMort.
On découvre rapidement que les crimes sont commis par les drones-abeilles. Ce qui interpelle un enquêtrice, c'est que ces drones-abeilles ont la capacité de reconnaître les personnes ciblées, ce qui ne devrait en aucun cas être possible à écouter le fabricant.
Le NCA (service de surveillance anglais) fini par admettre qu'en contre-partie du financement du projet drones-abeilles l'état à obtenu la possibilité d'opérer une surveillance globale de la population à, travers les yeux de ces insectes mécaniques. Évidement ces merveilleuses micro-machines vont être détournées au profit du tueur.

On pourra se dire que la fiction est trop loin de la réalité, que ce ne sera qu'un bon épisode et point final. Erreur ! À regarder de plus près, tous les éléments de la fiction sont présents dans la vraie vie.

1/ Les micro-drones d'aujourd'hui sont déjà de la taille d'un gros bourdon. Il reste encore à les doter de la capacité d'intelligence artificielle nécessaire, des capteurs ad-hoc et de l'énergie suffisante. Mais n'en doutons pas, ça vient.

2/ Le détournement de l'usage de ces abeilles, nous rappelle les fameux outils du NSA "Eternal Blue", mis en place sur les ordinateurs MS Windows, avec ou sans le consentement de Microsoft, pour permettre une intrusion des services de surveillances dans nos machines.

3/ Ces mêmes outils ont été détournés au printemps dernier par des pirates qui les ont utilisés à des fins de collecte de rançons. Cette version "ransonware" est débattue et on soupçonne la Corée du Nord ou la Russie ou les 2, d'être derrière ces vagues de virus. La série est antérieure aux attaques virales du début de l'année 2017. Belle anticipation de la part des auteurs.

4/ La chine déploie des caméras de surveillance qui ont la capacité de faire de la reconnaissance faciale des passants circulants sous leurs objectifs. Ces même caméras participent à la notation des citoyens, citée plus haut.

Je reste un ardent défenseur de la technologie et des améliorations qu'elle nous apporte dans la vie quotidienne, mais il va falloir être vigilant sur son usage.

Nos démocraties sont en périls.

Serge Pintout